mardi 12 juillet 2016

Exposition à Orsay - Charles Gleyre

Nous avions choisi Orsay pour ce jour de vacances à deux, sans plus d'étude de la chose.
Or, lors de la demi-heure d'attente pour pénétrer dans le musée, force me fut de constater que je me souvenais tout de même très bien des collections permanentes : non seulement nous sommes beaucoup venus en visite car c'est l'une de mes périodes préférées que celle couverte par le musée, mais en plus j'ai une bonne mémoire et j'ai parcouru le musée en long, en large et en travers lors d'un stage de trois jours sur l'Histoire des Arts.
Les affiches annonçaient le célèbre douanier Rousseau que je n'apprécie pas le moins du monde, bien à rebours (et mon parcours rapide des salles qui lui sont consacrées et le mettent en lien avec d'autres artistes m'ont confortée dans cette impression négative).
Ainsi qu'un peintre dont j'ignorais jusqu'au nom : Charles Gleyre. Le Romantique repenti. 
Cette accroche et les deux anges parcourant la terre après le Déluge nous ont donné envie d'aller le découvrir.

Le Déluge - huile et pastel


Il a fallu monter tout en haut de la gare, admirant au passage les verrières et la tête d'Hermès qui les domine, en nous demandant si nous étions bien sur la bonne voie, pour trouver l'entrée. Pas un chat ou presque. Joie.
Les premières salles présentent ses débuts, évidemment, et son long voyage en Orient, lorsque, suivant un aventurier américain, il est descendu jusqu'à Karthoum et a failli y laisser la vie. Revenu amoindri, il affronte Ingres notamment pour la décoration d'un château et perd. Ses fresques sont recouvertes d'affreux vases en trompe l'oeil.
Trouvant enfin quelques succès, il se fait une certaine réputation (plus dans son pays natal, la Suisse, qu'en France) et devient professeur reconnu (Sisley, Monet notamment).
Et alors que je restais sur ma fin après quatre salles, en lisant sa biographie qui, pensais-je, terminait l'exposition, nous avons enfin découvert ses pièces maîtresses dans les nombreuses salles suivantes.
C'est un parcours intéressant : élève, explorateur ou plutôt peintre d'un explorateur, son trait s'affine, il découvre la lumière orientale, renie son expérience car elle n'est pas assez au goût du jour, se compromet artistiquement, se brise quand sa maladie revient, peint la violence d'une Grèce antique moins lisse et moins fantasmée que l'image d'Epinal. Et revient à une harmonie à la fin de sa vie, à une paix que son projet de Jardin d’Éden illustre bien.
Ses oeuvres sont remarquables par la qualité du dessin, la lumière douce, iridescente parfois, les visages qui n'ont rien à envier à ceux d'Ingres, comme animés de l'intérieur parfois, lumineux, encore. Et aussi cette mélancolie, cette violence qui contraste avec l'image d'un homme terne et brisé que peignent certains de ses contemporains.
C'est une belle rencontre que celle que nous offre Orsay, tout en haut, presque cachée.

Le Soir - ou les Illusions Perdues

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